Au fil de l'AFP
Guerre au Yémen : un vidéaste collaborant avec l'AFP tué par des hommes armés
Nabil al-Quaety, un vidéaste yéménite collaborant avec l'AFP, a été tué mardi par des hommes armés devant son domicile à Aden, dans le sud du Yémen, pays pauvre de la péninsule arabique ravagé par la guerre.
"Des hommes armés non identifiés" ont tiré sur Nabil al-Quaety, qui se trouvait dans sa voiture, peu après avoir quitté son domicile, a indiqué à l'AFP une source locale de sécurité à Aden, ajoutant que les "assaillants" étaient "parvenus à s'échapper".
Le vidéaste de 34 ans, qui travaillait aussi avec des médias régionaux, collaborait avec l'AFP depuis 2015, année lors de laquelle une coalition militaire menée par l'Arabie saoudite s'est engagée au Yémen au côté des forces gouvernementales contre les rebelles Houthis.
Le ministre-adjoint yéménite de l'Information, Najib Ghallab, a condamné le meurtre de Nabil al-Quaety, affirmant que cet "assassinat" constituait "une attaque contre la presse au Yémen", et reflétait "les échecs et erreurs de toutes les parties au conflit".
"Il semble que son importante activité de journaliste dans la période récente ait suscité la colère de certains mouvements extrémistes", a-t-il ajouté dans une déclaration à l'AFP.
Le ministre a exigé une enquête "transparente", et appelé le gouvernement comme le mouvement séparatiste sudiste (STC), qui a récemment pris le contrôle d'Aden, à coopérer.
"Nous sommes choqués par le meurtre insensé d'un journaliste courageux qui faisait son travail malgré les menaces et intimidations", a réagi le directeur de l'Information de l'AFP, Phil Chetwynd.
"Par son travail avec l'AFP ces cinq dernières années, Nabil avait contribué à montrer au monde toute l'horreur du conflit au Yémen".
"Les pensées de tout le monde à l'AFP vont aujourd'hui à sa femme et ses enfants", a-t-il ajouté.
Père de trois enfants, Nabil al-Quaety, dont l'épouse est enceinte, avait échappé à la mort début 2019, après une attaque de drones des rebelles Houthis contre la base aérienne d'Al-Anad, dans la province de Lahj (sud).
En 2016, sa couverture de la bataille d'Aden, ville du sud devenue capitale provisoire après la prise de Sanaa par les Houthis, lui avait valu d'accéder au rang de finaliste du prix Rory Peck pour les journalistes indépendants.
"Que savons-nous du Yémen ? Nous savons qu'il y a une guerre affreuse, tragique, mais on ne la voit pas. Il doit y avoir très peu d'endroits où il est à ce point difficile d'entrer et d'en sortir" des images, avait alors noté le jury.
Il y a plus de deux ans, en avril 2018, un autre journaliste collaborant avec l'AFP, le photographe et vidéaste yéménite Abdullah Al-Qadry, avait été tué lors d'un bombardement dans le centre du pays, où il se trouvait en mission pour une chaîne de télévision locale.
Au Yémen, "agressions, enlèvements et menaces sont le lot quotidien des journalistes (...) lorsqu'ils ne sont pas victimes des affrontements qu'ils couvrent", selon Reporters sans frontières (RSF), qui classe le pays au 167e rang (sur 180) en matière de liberté de la presse.
La guerre au Yémen a fait des dizaines de milliers de morts, pour la plupart des civils.