Au fil de l'AFP
Le prix Peter Mackler remis au journaliste mexicain Marcos Vizcarra
Le journaliste mexicain Marcos Vizcarra s'est vu décerner mardi le prix 2017 Peter Mackler pour le courage et l'éthique journalistique, pour son travail sur les violences dans la province de Sinaloa, où sévit l'un des plus dangereux cartels de la drogue du pays.
Le reporter du quotidien Noroeste, qui n'a que 29 ans, a repris le flambeau après l'assassinat de son collègue et correspondant de l'AFP Javier Valdez, en continuant à exposer les agissements des cartels et la corruption au sein du gouvernement local.
"Marcos Vizcarra est une voix importante permettant d’avoir accès à la vérité dans une région connue pour sa violence à l’égard des journalistes", a souligné Camille Mackler, directrice du Prix Peter Mackler au sein de l’association Global Media Forum.
En 2017, le Mexique est classé au 147ème rang sur 180 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières (RSF).
"Je pense qu’au Mexique nous réalisons un travail journalistique de qualité car nous sommes davantage conscients de l’importance de notre rôle: lutter contre la corruption et l’impunité", a déclaré le lauréat.
"Ce prix est un appel aux autorités car si nous produisons un travail de qualité nous devons le faire dans un environnement difficile et violent. Je remercie la famille Mackler ainsi que le comité organisateur de m’avoir choisi comme lauréat du Prix. C’est une reconnaissance pour le journalisme mexicain qui essaie de faire bouger les choses", a-t-il souligné.
En 2016, avec le soutien de l’association International Center For Journalists (ICFJ), de l’ambassade américaine au Mexique et des médias mexicains Periodistas de a Pie et Noroeste, Marcos Vizcarra a publié les résultats d’une enquête révélant 11 cas de tortures par le gouvernement de l’Etat de Sinaloa et par le bureau du procureur.
Son travail a dévoilé la corruption présente au sein de ces institutions et leurs liens avec le cartel de Sinaloa lors du démantèlement d’un cartel rival.
RSF a souligné la difficulté des journalistes à travailler au Mexique, "qui continue d'être le pays le plus meurtrier de l’hémisphère nord pour les journalistes", souligne Delphine Halgand, directrice de Reporters sans frontières en Amérique du Nord.
"En récompensant Marcos Vizcarra, nous saluons le courage de ceux qui refusent de rester silencieux au Mexique, où au moins quatre journalistes ont été assassinés en 2017", rappelle t-elle.
"L’AFP est ravie de ce choix, dans un monde où le rôle des journalistes est essentiel à la vitalité des démocraties. Au Mexique, où un journaliste de l’AFP a été assassiné cette année, notre travail d’information est particulièrement difficile", conclut Michèle Léridon, directrice de l’Information de l’Agence France-Presse.
Le prix Peter Mackler a été créé à la mémoire de l'ancien rédacteur en chef de l'AFP pour l'Amérique du Nord, brusquement décédé en 2008 d'un arrêt cardiaque. Le prix est administré par Global Media Forum, en partenariat avec RSF et l'Agence France-Presse.